Depuis l’arrivée de la crise en Mars 2020, les mondes professionnel et étudiant ont vu leur fonctionnement être totalement bouleversé et s’adapter en un temps record pour respecter les mesures sanitaires est devenu une obligation. Un an après, force est de constater que cette adaptation est globalement une réussite notamment grâce à la mise en place du télétravail, lorsque cela est possible, et l’utilisation quotidienne de nouveaux outils managériaux numériques. Si les difficultés évidentes d’organisation et d’adaptation des travailleurs et étudiants ont longuement été évoquées à juste titre, ces mêmes difficultés sous le prisme du handicap n’ont encore une fois jamais été abordées (qu’il s’agissent des salariés, des indépendants, des personnes en recherche d’emploi ou des étudiants). Pourtant les domaines professionnel et étudiant sont depuis trop longtemps difficilement accessibles aux personnes en situation de handicap…Une discrimination que la crise n’a fait qu’amplifier en silence aujourd’hui.
Trois étudiantes ont accepté de témoigner de leur quotidien depuis le début de la crise sanitaire.
– Anne, 23 ans, Lyon –
» Je m’appelle Anne, j’ai 23 ans et je suis en première année de doctorat de philosophie. Je prépare une thèse dans le cadre d’une codirection internationale de thèse entre la Suisse et la France. Je suis atteinte d’un syndrome d’Ehlers Danlos hypermobile. C’est une maladie du tissu conjonctif qui affecte la totalité de mes organes, artères, muscles, articulations, etc. Il en résulte beaucoup de douleurs et de fatigue chronique, et des symptômes extrêmement variés et handicapants. J’ai reçu mon diagnostic officiel en 2018, après 17 ans d’errance médicale.
« Je me suis aperçue que ma maladie me « confinait » depuis déjà de nombreuses années »
En définitive, les confinements et couvre-feux successifs n’ont pas eu beaucoup d’impact sur ma vie au quotidien, hormis dans mon parcours de soins. Je me suis aperçue que ma maladie me « confinait » depuis déjà de nombreuses années : la fatigue et les douleurs chroniques sont très invalidantes et empêchent beaucoup de sorties. Pas d’alcool à cause des médicaments quotidiens, pas de soirées à cause des douleurs, de l’hyperacousie…De même, je n’allais presque pas en cours les années précédentes, faute d’adaptations. Par le passé, j’ai eu des périodes de poussées et de crises de la maladie qui m’empêchaient de sortir de mon appartement, voire de ma chambre pendant 15 jours, un mois… parfois plus. Donc gérer la solitude, l’enfermement, je savais faire. De même, j’ai dû accepter l’idée de ma propre mort dès l’enfance. Alors, cette peur subite, ce choc que des personnes valides disent avoir vécu, je ne l’ai pas ressenti pendant la pandémie.
Néanmoins, la situation sanitaire a eu un impact majeur sur mon parcours de soins. Pendant le premier confinement, mes séances de rééducation (3x/semaine) et mes soins en milieu hospitalier (tous les 15 jours) ont tout simplement été annulés. J’ai beaucoup régressé pendant cette période, et encore aujourd’hui, j’ai des séquelles des pertes neurologiques, nutritionnelles et physiques liées à cet arrêt des soins.
De même, j’attendais depuis plusieurs années des programmes de réadaptation en hospitalisation complète. C’était prévu pour mars 2020, et tout a été annulé. En définitive, j’ai réussi à suivre ce programme ce mois-ci. Mais du fait des mesures sanitaires, j’ai dû rester enfermée dans ma chambre d’hôpital pendant 7 jours (malgré un PCR négatif à l’arrivée). Le reste du séjour m’a à peine permis de me remettre de ces 7 jours de sédentarité. Et pendant ce mois entier d’hospitalisation, pas de visites, pas de sorties autorisées, très peu de contacts avec les autres patient.es car les repas étaient pris dans les chambres…
« En tant qu’handicapé.es et malades chroniques, nous sommes les premier.es usager.es du service de santé »
Les équipes soignantes étaient en sous-effectif, épuisées, et les soins n’étaient vraiment pas à la hauteur de ce qui m’avait été annoncé il y a un an. La situation est même devenue très compliquée, car faute de traitement adapté, j’ai dû quitter ce centre hospitalier à cause de complications graves, pour être soignée dans un autre hôpital. Bref, dans tous les aspects de mon parcours de soins, j’ai payé cher les conséquences du Covid.
En tant qu’handicapé.es et malades chroniques, nous sommes les premier.es usager.es du service de santé. Nous avons été et nous sommes aussi les premier.es à subir les coupes budgétaires, les restrictions sanitaires, etc.
Avant la crise sanitaire, je trouvais déjà très difficile de suivre les cours en classe prépa puis en master. C’est arrivé plusieurs fois que je signe une décharge pour sortir d’une hospitalisation le matin même, juste pour me rendre l’après-midi à mes partiels, car aucune épreuve n’a jamais été adaptée, et je ne pouvais pas me permettre financièrement de redoubler. Mais la crise sanitaire a décuplé mes difficultés. Par exemple, en 2019-2020, j’étais en M2 d’Histoire de la Philosophie. Je ne pouvais pas taper à l’ordinateur (je ne peux toujours pas), et soudainement, sans aucune aide humaine, j’ai dû rendre tous mes partiels et mon mémoire en version numérique. J’utilisais une commande vocale pour pallier ce handicap, mais, du fait de l’arrêt de mes soins, je suis tombée malade. J’ai eu une bronchite pendant presque trois mois : impossible de dicter mon mémoire ou mes partiels à mon ordinateur alors que je n’arrêtais pas de tousser. Quand j’ai finalement averti l’administration de mes difficultés, je n’ai reçu aucune aide de la part de la Faculté ni de mes enseignants, ni des commissions de sélection pour les contrats doctoraux (car je déposais en même temps une candidature pour entrer en doctorat dès la fin de mon M2). Aucune adaptation n’a été proposée, pas même un décalage des échéances. J’ai eu de la chance d’être entourée par ma famille : ma mère, en suivant mes instructions, recopiait les travaux que je lui dictais.
Finalement, j’ai obtenu mon M2 haut la main. Avec une amie, elle aussi handicapée, nous avons décroché les meilleures notes aux soutenances de mémoire de toute notre promotion. Moralement, ça a fait du bien d’être récompensées malgré nos difficultés et l’absence de soutien de l’Université. Et puis j’ai pu m’inscrire en première année de doctorat, même si je n’ai pas obtenu de financement.
« Je me suis clairement heurtée à un validisme omniprésent et institutionnalisé »
Les années précédentes, je n’étais pas spécialement inquiète. Je me disais que si je n’avais aucune adaptation, ni aucune aide c’était parce que je n’avais pas de reconnaissance officielle de mon handicap. Je ne me sentais pas légitime pour aller au pôle handicap et demander des aides. Je croyais que c’était réservé seulement aux personnes qui étaient reconnues par la MDPH. Mais depuis fin 2020, mon dossier a été reçu à la MDPH. J’ai obtenu une RQTH, la reconnaissance d’un handicap supérieur à 80%, une AAH, une CMI mention invalidité et besoin d’accompagnement, etc. C’était une sacrée victoire, et je me suis dit que ça allait réellement changer la donne.
Mais cette année, malgré ces droits, je me suis clairement heurtée à un validisme omniprésent et institutionnalisé. Par exemple, dans le cadre de mon doctorat, je dois enseigner en licence. 6 mois avant que je ne commence à enseigner, nous avons eu une réunion avec différents représentants et le pôle handicap pour faire le point sur mes besoins et prévenir la faculté. Malgré tout… L’administration m’a donné des salles au 6ème étage…sans ascenseur. J’étais écœurée. Ma RQTH est sensée être respectée, c’est la loi. Je donne donc mes cours en visio-conférence, faute de pouvoir me rendre dans ma propre salle de cours. De même, lorsque j’ai été hospitalisée pendant 32 jours d’affilée, la faculté a simplement refusé mon arrêt de travail. Je n’ai perçu aucune indemnité, et si je n’avais pas trouvé de remplaçant grâce à mon directeur de recherche, j’aurais dû continuer à produire des contenus, même en étant à l’hôpital.
Je me suis aussi beaucoup posée de questions sur ma légitimité à entrer en thèse, si j’en étais capable… J’avais beau me creuser la tête, je ne connaissais pas un.e seul.e handicapé.e qui avait obtenu son doctorat… je ne connaissais pas de chercheur.euse handicapé.e non plus. Ça m’a fait vraiment peur, et j’ai sérieusement remis en cause mon projet. J’ai des difficultés pour écrire, me tenir assise, rester dans la même position plus de 20mn, taper à l’ordinateur… et puis je ne peux pas utiliser les escaliers. Je dois aussi transporter en permanence mon concentrateur d’oxygène, car je suis sous assistance respiratoire. C’est souvent compliqué car je suis en béquilles et j’ai un genre d’exosquelette.
Cette période de doutes est terminée, mais elle en dit long sur l’importance de la visibilité et des représentations pour les minorités (de genre, racisées, trans et NB, handi…).
Face à toutes ces difficultés, je m’interroge vraiment sur mes capacités à rejoindre le monde du travail. Même si je sais que j’ai des privilèges, je suis blanche, femme cis, je viens d’un milieu social relativement aisé, j’ai un parcours scolaire exemplaire (classes prépa, grande école, puis doctorat), je me heurte à un mur de verre lorsqu’il s’agit de décrocher un financement ou un job. Que ce soit dans le cadre de mon master ou de mon doctorat, j’ai vraiment la sensation qu’on me met des bâtons dans les roues. Je subis le rejet institutionnel, le mépris de mes collègues, l’incompréhension…
Heureusement, en fin de M2, lorsque j’ai avoué à mon directeur de recherche que j’étais malade, ça a été un véritable soulagement. Il m’a lui-même appris qu’il avait une maladie cardiaque chronique. On s’entendait déjà bien, mais cette discussion a vraiment renforcé nos liens. Il dirigeait mes recherches depuis le M1, et c’est aujourd’hui mon directeur de thèse. Il ne peut hélas rien contre la Faculté et l’administration, lui-même subit aussi ces conditions de travail délétères. Mais il témoigne d’une grande compréhension et d’un soutien indéfectible. En lui parlant de mon handicap, j’avais peur de perdre sa confiance, peur qu’il ne veuille plus diriger ma thèse… ça n’a rien changé, et au contraire, j’ai la sensation qu’il me fait encore plus confiance maintenant. Mon deuxième directeur de thèse (j’ai une codirection internationale de thèse entre la Suisse et la France) est aussi informé de ma situation. Il est lui aussi d’un grand soutien, il fait tout pour m’aider. Il s’est même organisé pour que son assistant de recherche porte mes affaires quand je suis en déplacement dans son établissement.
Néanmoins, je pense que les initiatives existantes concernant l’accompagnement des étudiants handicapés sont largement insuffisantes. Faute de moyens, les pôles handicaps universitaires se retrouvent parfois dans l’impossibilité de lutter contre le système universitaire. De même, on n’informe pas assez les élèves et étudiant.es sur les possibilités d’avoir des adaptations, même si on n’a pas de diagnostic ou de dossier à la MDPH.
En ce qui concerne une éventuelle prise de conscience collective au sujet du handicap, tant que la situation sanitaire et sociale sera perturbée par la catastrophe du Covid (j’emprunte le mot catastrophe à Boris Cyrulnik), je crois qu’au contraire, nous serons les dernier.es à être pris.es en compte. Nous subissons de plein fouet un validisme décomplexé par le contexte sanitaire et nous sommes les premier.es à pâtir de l’écroulement du système de santé français. Une fois la crise résorbée, alors, peut-être, dans le meilleur des mondes possibles, une refonte globale des sociétés et des systèmes de santé permettra une meilleure prise en compte des diversités.
J’espère que mon témoignage, même s’il met en lumière beaucoup de difficultés, permettra à d’autres handi.es d’envisager une poursuite d’études dans l’enseignement supérieur et dans la recherche. Je vous le promets : c’est possible, même si c’est très difficile et même si, bien sûr, il n’y a aucune obligation à suivre des études longues. Tous les parcours se valent, ce qui compte, c’est simplement de savoir qu’ils existent et qu’ils sont accessibles. Merci beaucoup de ton travail ! »
– Clémence, 18 ans, Paris –
Je m’appelle Clémence, j’ai 18 ans et je suis en première année de licence, sur deux ans, j’étudie la langue arabe à l’Inalco. J’ai une paralysie cérébrale des suites d’une naissance prématurée (25 semaines et 6 jours : oui, oui je sais c’est un miracle que je sois là 🙂 ). J’ai une diplégie spastique qui est plus forte dans les jambes même si les mains sont atteintes aussi, ainsi que quelques problèmes émotionnels liés à tout ça. J’ai du mal à quantifier mes émotions et j’ai des troubles de l’anxiété légers mais qui sont là quand même.
« J’ai mal supporté de suivre les cours intégralement à distance »
Lors du premier confinement, en mars, j’étais encore lycéenne. J’ai mal supporté de suivre les cours intégralement à distance parce que j’ai beaucoup de problèmes de concentration et mon cerveau a besoin de faire la différence entre le lieu d’apprentissage et le lieu de vie. Or, là, les deux étaient réunis en un seul. Malgré cela, j’ai suivi à la lettre les directives du Gouvernement, parce qu’à ce moment-là, c’était nécessaire. Ça a été difficile, mais je m’en suis sortie parce qu’il y avait le Bac et Parcoursup à la clé.
Et puis je suis arrivée à l’université pour commencer ma première année de licence. Novembre et son nouveau confinement qui était exclusivement réservé aux étudiants nous est tombé dessus…je me suis littéralement effondrée. Ça m’a fait très mal psychologiquement de voir mes frères partir à l’école et mes parents au travail, et de les entendre se plaindre du port du masque. Pour moi, c’était un moindre mal de le mettre toute la journée pour pouvoir retourner à l’université.
Cette fois, comme on avait le droit de sortir, avant chaque cours, j’allais faire une balade dans mon quartier, histoire de m’aérer l’esprit.
Mes professeurs nous soutenaient du mieux qu’ils pouvaient en nous envoyant des messages d’encouragements, ils n’hésitaient pas à nous donner des dates limites de remise de devoirs plus longues, parce qu’ils étaient conscients que nous avions le droit de souffler un peu.
Une fois les partiels passés que je n’ai pas eu à faire, j’ai eu la chance de retourner à l’université en février, mais uniquement pour les TD. Seuls les Cours Magistraux sont en distanciel maintenant, mais ça devient de plus en plus difficile à supporter et j’ai du mal à rester concentrée plus de 30 minutes (sachant que les 2 CM que j’ai durent chacun 2heures).
J’ai eu de la chance de n’avoir jamais eu de problèmes concernant la logistique de mon handicap, sauf pour le Bac où j’avais demandé à passer mes épreuves écrites sur ordinateur et où la commission MDPH a refusé ma requête sans me donner d’explications valables. J’ai aussi le droit d’avoir un tiers-temps et je compose sur mon ordinateur. J’ai la possibilité de passer mes examens dans une salle à effectif réduit parce que, quand je suis en plein dans une épreuve, le moindre son émis par quelqu’un s’amplifie et ça me déconcentre. Une fois rentrée à l’université, tout s’est arrangé. C’est une université importante qui a une mission Handicap développée. La référente handicap prend le temps d’écouter nos demandes, nous propose des aides supplémentaires, que nous sommes libres d’accepter ou de refuser. Beaucoup de dispositifs, notamment à la BU, sont mis en place pour nous en faciliter l’accès. Les professeurs sont aussi à l’écoute et conscients de la difficulté et de l’obstacle que peut représenter notre handicap.
De manière générale, L’accompagnement est de meilleure qualité qu’il y a quelques années. Je ne sais pas comment cela se passe dans d’autres universités mais dans la mienne, le service d’insertion et d’orientation professionnelle fait venir des personnes en situation de tous types de handicaps pour que l’on puisse se projeter, à la hauteur de nos capacités, dans chaque métier. Ça redonne de la motivation parce qu’on se dit que si eux y sont arrivés pourquoi pas nous ?
« Le confinement a créé pas mal de difficultés supplémentaires »
Le handicap s’est avéré en être un surtout sur le plan social, puisque malgré ma volonté d’aller vers les autres, ces autres l’ont vu en premier lieu comme un frein. Le confinement a créé pas mal de difficultés supplémentaires, en effet. Je ne pouvais plus aller chez le kiné, donc à la sortie du confinement, mes jambes étaient complètement détruites. J’étais stressée en permanence aussi donc je ne dormais plus. Mes jambes me faisaient très mal la nuit, puisque je ne me dépensais plus (et d’ailleurs, j’ai toujours aussi mal même en bougeant plus…).
Les confinements de mars et de novembre ont offert à mon genou droit un cadeau dont je me serais bien passée : une tendinite rotulienne, qui n’est toujours pas guérie… J’ai également fait une découverte sur mon handicap pendant le confinement de mars. En effet, étant toujours active et n’y pensant pas, je n’avais jamais remarqué que ma spasticité était présente dans mes membres supérieurs !
Au sujet des études, je n’ai pas de craintes particulières. Après tout, c’est à moi de fournir les efforts nécessaires pour traverser les cinq dernières années qui m’attendent mais sans oublier mon handicap évidemment. Quant à mon avenir personnel, je vis et compose chaque jour avec mon handicap comme toujours. Il y a seulement la crainte de quitter le cocon familial car malgré le fait que je sois autonome sur certains points, ce n’est pas le cas sur tout parce que je n’ai pas les outils adaptés. Mes parents considèrent le fait que j’ai des outils particuliers inutiles. C’est un sujet assez sensible, qu’ils ne souhaitent pas aborder malgré la pertinence de mes arguments en faveur du « dédoublement » des outils ménagers ou autres.
« Il y a encore de la discrimination du handicap au travail »
Mon avenir professionnel m’inquiète un peu plus notamment en cette période de crise qui risque de durer. Je sais pertinemment que je serai recrutée selon les fameux quotas de personnes handicapées pour que les entreprises ou autres organismes de recrutement soient bien vus de la société. Je sais aussi, qu’en cas de faillite ou problèmes nécessitant un licenciement je pourrai être visée et dégagée la première en raison de mon handicap.
Dans le monde du travail, je ne pense pas que l’information et la communication y sont suffisantes. Bon, il y a les quotas et la RQTH et c’est déjà bien. Néanmoins, il y a encore de la discrimination sur handicap au travail, par des collègues ou le chef lui-même. Et puis, les personnes en situation de handicap représentent une grosse part du chômage à cause de ces handicaps, parce que les recruteurs préfèrent embaucher une personne valide. Cela montre, clairement, que le handicap est encore un sujet tabou alors qu’il ne devrait plus l’être, et que, par conséquent, il n’y a pas assez d’informations là-dessus. Je me demande vraiment si je suis bien au 21e siècle parfois…
Néanmoins, je pense totalement que cette période peut entrainer une prise de conscience collective sur le handicap et la situation des étudiants handicapés. Surtout que « grâce » à cette période, les handicaps invisibles sont mis en lumière, et font comprendre aux personnes valides que le handicap n’est pas uniquement physique.
– Marine, 23 ans, Angers –
Je m’appelle Marine, je suis née en octobre 1997, je suis chartraine d’origine et angevine d’adoption, je suis amoureuse de la vie et de toutes les petites choses qui la composent. Je suis passionnée par la littérature, l’art, la photographie. J’aime aussi beaucoup la cuisine, la nature, la musique, les animaux mais aussi profiter de ma famille (celle du cœur et celle du sang). Dans la vie, je suis étudiante en dernière année de graphisme et d’illustration afin d’en faire mon métier. J’ai aussi pour projet de me former afin de faire de la photographie mon métier et ainsi pouvoir vivre de tout ce qui me passionne. Je suis la créatrice du blog Les Bullettes Colorées à travers lequel j’ai voulu partager les aventures qui composent ma vie mais aussi mes passions et surtout faire passer de jolis messages sur de nombreux sujets qui me tiennent à cœur. C’est une jolie palette de couleurs qui me tient à cœur et que je prends beaucoup de plaisir à nourrir. Ce blog est mon petit cocon réconfortant avec une atmosphère douce, légère, slow life.
Dans la vie, j’ai aussi la petite particularité d’être malade chronique et en situation de handicap. Ce sont des éléments qui composent ma vie et m’ont permis d’avoir une philosophie de vie bien à moi, et de m’apporter une force extraordinaire.
« Je vis la période actuelle comme une aventure et un nouveau défi à relever »
La période actuelle est très particulière et je la vis comme une aventure et un nouveau défi à relever. En effet, à l’arrivée du premier confinement, j’ai dû bouleverser mon quotidien et essayer de gérer seule des choses que je ne faisais pas car les aides à domicile ne pouvaient plus intervenir étant donné que je ne faisais pas parti des personnes avec les besoins les plus importants. Cela m’a donc permis de me tester personnellement et de me rendre compte que finalement avec une bonne organisation je pouvais tout à fait vivre sans aides à domicile. C’était une merveilleuse expérience qui m’a permis de prendre confiance en moi et me rendre compte que je suis tout à fait capable des choses. Je me fais aider par mes proches si besoin mais c’est tout.
Mon quotidien actuellement est le quotidien d’une jeune femme de 23 ans qui vit sa vie tranquillement dans son appartement en faisant toutes les petites choses de la vie (cuisine, ménage, linge, etc…), en participant à ses cours à distance tous les jours, en travaillant en tant que graphiste pour une école de danse, en allant en soin de kiné, en profitant des passions qui l’animent mais aussi en profitant de ceux qu’elle aime. Un quotidien que je trouve relativement normal. La période sanitaire que nous vivons tous est malgré tout un peu difficile moralement car j’ai un peu l’impression que beaucoup de choses sont en pause et surtout l’impression de ne pas pouvoir vivre certains moments de vie ma vie étudiante (expositions, rencontres, etc…), cela me donne l’impression qu’il manque quelque chose à mes années même si j’ai fait certaines choses grâce à internet.
« J’ai été très surprise du manque d’accessibilité et d’écoute pour la mise en place d’adaptation »
Pendant mes études, je n’ai pas le souvenir d’avoir vécu des difficultés particulières liées au handicap car j’ai toujours fait en sorte de trouver des solutions aux problèmes ou obstacles et je n’ai pas gardé le souvenir d’un événement particulier qui m’aurait marqué.
Lorsque j’étais encore au lycée j’ai bénéficié de certains aménagements, tiers temps, possibilité de temps de pause mais depuis que je suis en études supérieures, je suis en contrôle continu, je vis à mon rythme et avec mon propre planning donc je n’ai pas besoin d’aménagements particuliers.
La fin du lycée a été difficile car la maladie et le handicap sont arrivés au cours de mon année de première mais par la suite j’ai fait le choix de faire mes études supérieures en cours à distance afin de pouvoir adapter mon rythme de vie et cela a été la meilleure décision de toute ma vie car aujourd’hui je peux dire que j’arrive à m’épanouir malgré tout.
Je ne connais donc pas le monde universitaire ou les écoles avec le handicap. Néanmoins, je peux dire que j’ai été très surprise pendant les portes ouvertes de certaines écoles du manque d’accessibilité et d’écoute pour la mise en place d’adaptation. Cela a d’ailleurs surement renforcé mon cours des cours à distance.
Je n’ai pas de craintes sur mon avenir professionnel, j’ai des rêves et objectifs. Je crois profondément en la vie et je sais que malgré le contexte sanitaire j’arriverai d’une façon ou d’une autre à créer mon avenir personnel et professionnel. Je suis accompagnée par l’Association des Paralysés de France qui m’aide dans mes recherches pour la création de mon projet. J’en suis pour le moment ravi, cela m’aide et je pense que cela sera encore le cas durant quelques années.
J’ai aussi pendant le deuxième confinement pu participer à des webinaires qui m’ont donné de nombreuses informations sur la vie professionnelle et le monde du handicap. Cela me permet petit à petit de créer mon projet.
« J’aimerais que la période sanitaire actuelle entraine une évolution de la société, du regard que chacun porte au monde du handicap »
En ce qui concerne une éventuelle prise de conscience collective sur le handicap, pour être honnête, j’aimerais que la période sanitaire actuelle entraine une évolution de la société, du regard que chacun porte au monde du handicap, des malades chroniques, etc…mais je ne sais pas si cela sera possible car je trouve que le monde est de plus en plus égocentré ce qui est vraiment très dommage car comme on dit « Seul on va plus vite mais ensemble on va plus loin ». Alors si chacun prend conscience que nous sommes tous différents les uns des autres avec ou sans handicap et que nous pouvons tous nous apporter quelque chose malgré nos différences, cela serait merveilleux. J’espère néanmoins que la vie nous réservera de jolies surprises.
Pour terminer je souhaite dire que je suis profondément convaincue que nous pouvons tous croire en nos rêves et les réaliser. D’une façon ou d’une autre, nous pouvons y arriver j’en suis certaine. Alors même si la situation actuelle n’est pas tous les jours facile à vivre, il faut croire en l’avenir et en toutes les jolies aventures que la vie va nous offrir. Soyons fort ! Si parmi les lecteurs certaines personnes se sentent mal, nous sommes avec vous et vous allez réussir !
*Renseignements, Informations, Soutien* :
https://www.etudiant.gouv.fr/fr/etudiants-en-situation-de-handicap-2059
https://informations.handicap.fr/a-covid-19-suis-etudiant-situation-handicap-que-faire-12748.php
https://www.enseignementsup-recherche.gouv.fr/pid24670/etudiants-en-situation-de-handicap.html
https://www.apf-francehandicap.org/coronavirus-dispositifs-et-informations-26877
https://www.soutien-etudiant.info/
Coucou Armelle, je prends le temps de te laisser un petit commentaire afin de te remercier de m’avoir permis de participer à cette interview, c’est une très belle expérience!
J’ai pris le temps ce matin d’aller lire ton article, il est véritablement passionnant! Je suis ravie d’avoir découvert l’histoire, le partage d’expérience d’Anne et Clémence. C’est très enrichissant.
De mon côté je suis ravie d’avoir pu partager mon expérience, c’était une grande première sous cette forme et un très beau moment. J’aime beaucoup le rendu de l’article, mes proches qui ont pris le temps de le lire l’ont eu aussi beaucoup apprécié et m’ont bien reconnu dans mes réponses 🙂
Encore merci à toi pour cet échange et au plaisir ☺️