Flora Chalopin a 26 ans, après des études de joaillerie elle lance sa première marque de bijoux In Aurem en 2017, puis elle crée la marque ViaSibi en 2018, des bijoux adaptés aux personnes ayant des besoins et des demandes spécifiques. Rencontre avec cette jeune créatrice angevine.
Bonjour Flora, pouvez-vous vous présenter ? Quel est votre parcours ?
Je suis Flora Chalopin, j’ai 26 ans. J’ai commencé la joaillerie après mon bac, à l’école de la SEPR Lyon, pour un premier CAP, puis j’ai continué ma formation à l’Institut de Bijouterie de Saumur. J’ai fait 6 ans d’études au total, dont 5 ans en alternance, durant lesquelles j’ai validé différents diplômes en bijouterie, joaillerie, sertissage et polissage.
J’ai ensuite créé l’atelier In Aurem en Octobre 2017, sur Angers, puis la marque Via Sibi en Septembre 2018.
Depuis quand créez-vous des bijoux ? Qu’est ce qui vous intéresse dans ce domaine ?
Ce qui m’a plu dans ce métier, c’est le travail du métal, qui est une matière fantastique. Son travail demande à la fois de la force et beaucoup de minutie, et pouvoir ainsi transformer la matière, partir d’un lingot brut pour arriver à un bijou délicat et complexe, c’est super. Une fois acquises les méthodes de base, les possibilités de création sont infinies.
J’ai commencé à créer mes propres pièces vers la fin de ma première année de formation. Des petits bijoux pour moi ou mes proches, pour m’entrainer et essayer de nouvelles techniques.
Pouvez-vous nous présenter la marque Via Sibi ? Comment vous est venue cette idée de créer des bijoux adaptés aux personnes en situation de handicap ?
Via Sibi est une marque dédiée au bijou innovant, utile et pratique. L’idée est de créer des bijoux selon les codes de la bijouterie joaillerie habituels (personnalisables, esthétiques, durables, …) mais qui vont intégrer en plus des spécificités techniques qui leur donne un rôle autre que le simple esthétique. Par exemple, j’ai créé une bague qui remplace une orthèse de maintien d’articulation au niveau de la main. L’articulation est donc bien maintenue, et visuellement, on a un bijou simple et élégant qui pourrait être porté par n’importe qui.
L’idée m’est venue d’une expérience faite lors de l’année après mon Bac. Pendant que je préparais les concours d’intégration aux écoles de joaillerie, j’ai travaillé dans un centre de rééducation. J’y ai travaillé quasiment un an, et j’y ai fait beaucoup de rencontres et de découvertes, ce fut une expérience très marquante. Ma mère étant ergothérapeute, j’ai gardé par elle un lien avec le milieu du handicap et c’est assez naturellement que l’idée de créer des bijoux adaptés s’est imposées à moi à la fin de ma formation.
Comment travaillez vous au quotidien pour adapter vos bijoux ? Répondez vous à des demandes particulières de clients ?
Je travaille en général d’après une demande précise, ou un besoin constaté, cela dépend. Par exemple, j’ai créé un système de fermoir de collier et bracelet qui s’utilise d’une seule main, ou avec des mains peu dextres. Cette idée m’est venue en observant autour de moi les difficultés qui pouvaient être rencontrées à ce sujet par un grand nombre de personnes différentes, et j’ai eu envie de trouver une solution. Mais pour la bague orthèse par exemple, je suis partie d’une demande précise qui m’a été faite par une jeune fille et sa mère. Comme dans la joaillerie traditionnelle, je fais de la fabrication sur-mesure, je suis donc à l’écoute de toute demande particulière !
L’élaboration de ces bijoux est parfois longue, car il faut trouver l’idée la plus adaptée et réaliser plusieurs maquettes avant d’aboutir au bijou parfait.
Quel sens souhaitez-vous donner à votre travail de créatrice ? Quels messages souhaitez-vous véhiculer à travers cette collection et ces bijoux ?
Le bijou est à l’origine simplement un objet d’apparat, mais il véhicule souvent un aspect sentimental et permet d’exprimer ses goûts, sa personnalité. Le bijou, c’est avant tout du plaisir, alors si en plus il est utile et permet de supprimer d’autres dispositifs voyants et/ou gênants, le plaisir est décuplé ! Si je peux apporter un peu de confort dans la vie quotidienne des gens, je suis ravie. Ces bijoux ont aussi pour but de gommer les différences entre les personnes en situation de handicap et les personnes dites valides. Car ils ont pour vocation d’être portés par tout le monde, seulement ils seront juste plaisants pour certains, et indispensables pour d’autres. La bague orthèse par exemple, a été vendue à des clients ne présentant aucune difficulté fonctionnelle, moi-même je la porte pour son côté esthétique et moderne !
Quelle est votre vision de la place des femmes en situation de handicap dans la société aujourd’hui ?
De manière générale, il n’est pas toujours facile d’affirmer son image en société, qui plus est sa féminité. Cette difficulté est je pense exacerbée chez les femmes en situation de handicap. Pour avoir discuté avec de nombreuses personnes, je me rends compte qu’il y a une grande méconnaissance du milieu du handicap chez la plupart des gens et que cela entraîne un manque de compréhension mutuelle. Aux yeux de la société beaucoup de personnes sont définies principalement par leur handicap, quitte à en oublier un peu la personne complexe, la femme qui le porte. Je pense qu’il faut éduquer les gens, en parler comme vous le faites, pour favoriser l’inclusion. Mais je suis assez optimiste, il y a beaucoup de belles initiatives à ce sujet, c’est en progrès je pense !
Merci Flora !
Retrouvez la marque de bijoux adaptés Via Sibi ainsi que la seconde marque de bijoux In Aurem crées par Flora Chopin sur Internet et dans son atelier de joaillerie : 42 Rue Saint Lazare 49100 Angers