Rencontre avec Laëtitia Davy, danseuse interprète, chorégraphe, professeur de danse originaire de la Mayenne (53). Particulièrement sensible au milieu du handicap, Laëtitia est à l’origine de plusieurs initiatives permettant aux personnes en situation de handicap d’avoir accès au domaine de la danse dont l’association Danse Handicap et la compagnie Portraits.
Bonjour Laëtitia, pour commencer est-ce que vous pouvez nous présenter votre parcours ? Je suis originaire de Laval en Mayenne, j’ai commencé mon parcours très jeune puisque j’ai quitté ma famille à l’âge de 12 ans pour faire un stage en danse classique à l’ Opéra de Paris.
J’ai poursuivi mes études 3 ans sur Paris puis j’ai intégré le Conservatoire National Supérieur de Lyon toujours en danse classique puis en danse contemporaine. Je suis rentrée ensuite dans la vie professionnelle avec une 1ère expérience à la Roche sur Yon dans la compagnie d’Yvann Alexandre puis je suis allée sur Paris où j’ai travaillé avec la compagnie du Petit Côté de Laurence Pagès.
Parallèlement j’ai passé mon Diplôme d’Etat en Enseignement de Danse Contemporaine et je suis revenue en Mayenne en 2001 où j’ai commencé l’enseignement.
Qu’est ce qui vous a donné envie de vous tourner vers la danse à cette époque ?
Et bien, c’est Maman qui demande à sa petite fille ce qu’elle souhaite faire comme activité, j’ai répondu la danse pour faire comme les copines. Très rapidement c’est devenu quelque chose qui me plaisait beaucoup. Et j’ai eu la chance de rencontrer les bonnes personnes qui ont réussi à m’orienter et à me motiver.
Aujourd’hui vous cumulez plusieurs activités totalement différentes notamment au sein des compagnies Art Zygote et Portraits. Comment travaillez-vous au sein de ces compagnies ?
J’ai intégré la Cie Art Zygote en 2007 dont je suis toujours interprète sous la direction de Valérie Berthelot. Je me mets à disposition de la pièce, de ce qu’on me demande. J’ai fais plusieurs créations avec cette compagnie, c’est une compagnie à dominance théâtre, théâtre d’objets et marionnettes. La danse y est entrée et aujourd’hui les différents arts se mêlent.
Nous avons deux spectacles « J’ai la taille de ce que je vois »(2011) et la nouvelle création « Moi et Toi sous le même toit » qui est une pièce de théâtre de papier pour les touts-petits à partir de 2 ans.
Dans la Cie Portraits je suis chorégraphe. C’est une compagnie avec des danseurs en situation de handicap, nous avons créée un spectacle « Corpus Chorum » que nous jouons en ce moment et avec laquelle nous espérons tourner, et développer cette Compagnie. .
Qu’est-ce qui vous a amené à allier la danse et le handicap sous ses diverses formes ? Le fait de vouloir aider ces personnes en situation de handicap à exprimer quelque chose, à faire passer des messages ?
Je n’ai pas vraiment de réponse très claire car je ne sais pas trop pourquoi. J’ai des parents qui étaient très investis dans le milieu du handicap, j’ai été sensibilisé très jeune, même si enfant le handicap me faisait peur. Et puis j’ai eu une première expérience avec l’organisme Tourisme & Loisirs qui propose des activités pour leurs vacanciers, j’ai trouvé ça intéressant, questionnant, fascinant. Et puis j’ai décidé d’aller un peu plus loin. Mon but n’est pas forcément d’aider car j’essaie d’être face à ces personnes en situation de handicap comme avec n’importe qui et finalement le handicap n’existe pas vraiment, même si on adapte par rapport aux pathologies.
C’est comme avec n’importe quel public et c’est ce qui m’intéresse, de ne pas faire de différence et de voir que les choses sont possibles.
Quel est leur retour sur ces expériences là ?
Globalement j’ai toujours eu des retours très positifs sachant que je travaille avec des publics et des handicaps très différents. A chaque fois ça a été positif, les personnes ont pris du plaisir et certaines ont souhaité aller plus loin . Mon objectif est la découverte, d’aller dans la sensation, le lien artistique au mouvement. Et puis cela me permet aussi de me confronter à ces corps et ces esprits différents, et de voir comment eux s’approprient cet espace artistique et cet espace de mouvement. C’est pour moi aussi l’occasion de me confronter à ce que je ne suis pas.
Vous avez d’ailleurs créé une association en 2007 Danse Handicap pour que ces personnes puissent avoir accès au domaine de la danse notamment au sein des établissements spécialisés. Quel est le travail que vous faites au sein de cette association ?
Au départ c’était pour sensibiliser les structures qui accueillent du public en situation de handicap, pour leur dire qu’il y avait la possibilité de s’ouvrir sur cet art là . Et puis je réponds à des demandes en fonction des envies des structures, soit c’est un temps de sensibilisation, soit c’est un temps pour créer des spectacles qui pourront être présentés dans différents cadres.
Comment passe t’on de l’envie d’être danseuse à professeur, chorégraphe ou intervenante auprès du public ?
C’est peut être par le biais d’un parcours un peu particulier, je suis arrivé à l’enseignement un peu à défaut de ne pas avoir la carrière dont je rêvais quand j’étais enfant. Et puis au fur et a mesure on apprend, on découvre ce qui nous intéresse dans cette idée de la transmission, et j’ai eu la chance de rencontrer beaucoup de personnes. Aujourd’hui je trouve vraiment un équilibre entre mon travail d’interprète, mon travail de création en tant que chorégraphe et de pédagogie. Je fais tout cela de manière épanouie.
Où trouvez-vous l’inspiration pour votre travail de création ?
Je trouve souvent mon inspiration à travers les chorégraphes qui me touchent notamment dans la danse belge, je suis assez sensible à cet esthétique. En Belgique, on peut faire comme les autres sans être jugé par rapport à cela, alors que parfois en France, si on ne fait pas quelque chose de novateur on ne va pas forcément être reconnu. Donc je me suis dit qu’il fallait que je m’appuie sur ce qui me plait, ce qui me parle. Avec mes élèves du conservatoire, j’utilise des œuvres existantes ou des chorégraphes pour travailler sur leurs principes de création, sur ce qui m’interpelle, pour les amener vers une liberté créative et m’appuyer sur ce ce qu’ils vont me proposer.
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Informations recueillies pour l’émission de radio Oh! Les Filles et retranscrites pour le blog Andy in the city.